Nouveautés documentaires lycée-prépa
Toute la sélection :
![]()
Les formes du visible : une anthropologie de la figuration
de Philippe Descola
Éditions du Seuil, 2023, 757 p. (Points. Série Essais ; 972)
La figuration n'est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l'on perçoit ou imagine, et l'on n'imagine et ne perçoit que ce que l'habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l'une des quatre régions de l'archipel ontologique : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme. Chacune correspond à une manière de concevoir l'ossature du monde, d'en percevoir les continuités et les discontinuités, notamment les diverses lignes de partage entre humains et non-humains.
Par ce qu'elle montre ou omet de montrer, une image révèle un schème figuratif particulier, repérable par les moyens formels dont elle use, et par le dispositif grâce auquel elle pourra libérer sa puissance d'agir. En comparant avec rigueur des images d'une étourdissante diversité, Philippe Descola pose magistralement les bases théoriques d'une anthropologie de la figuration.
![]()
L'océan en 30 questions
de Marina Lévy, Laurent Bopp
La Documentation Française, 2025, 100 p. (Doc' en poche. Entrez dans l'actu. Entrez dans l'actu)
Un état des lieux des connaissances sur les fonds marins, les courants et les marées, les propriétés physiques et chimiques de l'océan, le recensement des espèces et des écosystèmes ainsi que les méthodes d'observation par satellite et par flotteurs. Les menaces qui pèsent sur l'océan, les solutions développées pour le protéger et l'économie bleue sont également abordées. ©Electre 2025
![]()
Par-delà nature et culture
de Philippe Descola
Gallimard, 2015, 792 p. (Folio. Essais. Essais ; 607)
Une approche des manières de concevoir la relation entre l'homme et son environnement sur la base des ressemblances et des contrastes que l'engagement dans le monde conduit à inférer. Cette enquête révèle quatre constantes anthropologiques : le totémisme qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains , l'analogisme qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances, l'animisme qui prête aux non-humains lintériorité des humains, mais les en différencie par le corps et le naturalisme qui nous rattache aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par laptitude culturelle. ©Electre 2025
![]()
Les structures fondamentales des sociétés humaines
de Bernard Lahire
La Découverte, 2023, 970 p. (Sciences sociales du vivant)
En ligne : 798966
Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l'espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ? En comparant les sociétés humaines à d'autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l'espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l'enfant humain à l'égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent. Pourquoi les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales non humaines, ont-elles une histoire et une capacité d'accumulation culturelle ? Pourquoi la division du travail, les faits de domination, et notamment ceux de domination masculine, ou les phénomènes magico-religieux se manifestent-ils dans toutes les sociétés humaines connues ? Pourquoi l'ethnocentrisme est-il si universel et pourquoi des conflits opposent-ils régulièrement des groupes qui s'excluent mutuellement ? C'est à ces questions cruciales que cherche à répondre Bernard Lahire en formulant, pour les sciences sociales, un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l'éthologie et l'écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l'anthropologie, l'histoire et la sociologie. Le pari de ce livre est que seul cet effort d'intégration permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d'augmenter la maîtrise qu'elles peuvent avoir de leur destin incertain.
![]()
Théorie de la régulation, un nouvel état des savoirs
Dunod, 2023, 641 p. (Éco sup)
En ligne : 799686
Constituée dans les années 1970 à partir des pensées marxistes et keynésiennes, la théorie de la régulation est devenue une approche économique cruciale qui offre une alternative robuste à la théorie néoclassique.Depuis l'« état des savoirs » publié en 1995, la théorie de la régulation a beaucoup évolué. Elle n'est plus seulement identifiée à une recherche de type macroéconomique (modes de régulation des économies nationales et du capitalisme mondial). Elle traite aussi désormais des entreprises et de champs sectoriels classiques (automobile, agro-alimentaire ) comme plus originaux (éducation, santé, ESS, RSE ) ainsi que de problématiques transversales fondamentales (écologie, genre, connaissances ).Faisant intervenir une centaine d'universitaires spécialistes de divers champs de la socio-économie et prenant en compte cette extension des champs de recherche régulationnistes, cet ouvrage s'impose comme le « nouvel état des savoirs ».
![]()
Tracer des frontières : dix histoires de cartes au coeur des conflits contemporains
de David Perier
Novice, 2025, 298 p
Quelles soient tracées à la règle sur une carte, imposées par la force ou remodelées par l'histoire, les frontières structurent les territoires et engendrent bien souvent des tensions entre Etats. Dans cet essai, David Périer et Jean-Baptiste Veber se penchent sur « dix histoires de cartes au coeur des conflits contemporains ». Du traité de Westphalie aux accords Sykes-Picot, ils reviennent sur la manière dont les frontières ont été définies à travers les siècles.
Les tracés rectilignes en Afrique, le Sahara occidental, la naissance du Moyen-Orient, l'enclave angolaise de Cabinda et celle russe de Kaliningrad, la mer d'Asie orientale... Les auteurs détaillent les tractations et les événements qui ont mené au partage de ces territoires. Avec ce travail inédit, ils démythifient nombre d'idées reçues et expliquent pourquoi les divisions territoriales d'hier alimentent les tensions géopolitiques d'aujourd'hui.
![]()
Vers une science sociale du vivant
de Bernard Lahire, Francis Sanseigne, Laure Flandrin
La Découverte, 2025, 256 p.
En ligne : 1011116
La publication en 2023 des Structures fondamentales des sociétés humaines a marqué un tournant majeur en sciences sociales. Bernard Lahire y opère un raccordement décisif entre sciences sociales et sciences de la vie en montrant que le social humain s'inscrit dans le continuum du vivant et ne se comprend que par une série de comparaisons entre sociétés humaines, mais aussi et surtout entre espèces sociales. Ce nouvel ouvrage a pour but d'introduire à une vision générale qui entend reconfigurer les sciences sociales et leurs rapports à d'autres disciplines. Au fil d'un échange nourri avec deux autres sociologues, Bernard Lahire éclaire son projet et répond aux critiques qui se sont exprimées depuis la parution du livre. On trouvera également à la fin de ce volume un texte inédit qui reprend et approfondit les résultats dégagés dans l'ouvrage précédent. En accroissant encore un peu plus leur degré de généralité, il les replace dans une réflexion sur les propriétés fondamentales du vivant et les enjeux auxquels toute forme de vie se trouve confrontée les sociétés en général et les sociétés humaines en particulier n'étant qu'un moyen de faire, par la voie du collectif, ce que tout système vivant fait à l'échelle individuelle. Ce texte constitue un pas supplémentaire en direction d'une science sociale du vivant unifiée que le présent dialogue appelle de ses voeux.